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Il Bosco Verticale - Milan

Photo du rédacteur: B'GreenB'Green

Un poumon vert en plein cœur de la ville…



   

« La foresterie urbaine est non seulement nécessaire pour améliorer l'environnement des villes du monde, mais également une occasion d'améliorer les conditions de vie des citadins moins fortunés ». Stefano Boeri.

Inauguré en 2014 après 5 ans de chantier, le complexe architectural nommé « Bosco Verticale » (signifiant littéralement « Forêt Verticale ») est composé de 2 tours d’habitations accueillant plus d’une centaine de logements : la Torre E, la plus grande, avec 26 étages et s’élançant sur 110 mètres de haut ; et la Torre D, avec 18 étages pour 76 mètres de haut. Ce projet porté par le cabinet d’architecte italien Boeri Studio prend place au cœur du quartier de la Porta Nuova, le centre d’affaires milanais, actuellement en pleine réhabilitation. 


Le Bosco Verticale est unique en son genre. En effet, il accueille plus de 20.000 plantes et arbres, c’est-à-dire l’équivalent de deux hectares de forêt répartis sur les 2 tours. Les arbres peuvent mesurer entre 3 et 9 mètres et différentes espèces cohabitent : cerisiers, pommiers, oliviers, hêtres... Les espèces végétales ont été choisies et orientées en fonction de leurs besoins en matière de luminosité, d’humidité, et de leur résistance au vent. Par exemple, les végétaux craignant une exposition prolongée au soleil sont davantage présents sur les façades nord des tours et inversement. 


La première volonté de l’architecte a été d’intégrer la biodiversité au bâti, et ainsi, à la ville. Bien sûr, introduire une forêt en plein Milan n’avait pas un but uniquement esthétique. Ce projet tourne également autour d’une forte dimension écologique. Tout d’abord, notons que la présence de ces milliers de végétaux sur les façades permet d’améliorer grandement la qualité de l’air urbain : les tours produisent naturellement de l’oxygène tout en filtrant les particules de poussières et en absorbant le CO2 et les micropolluants. Les végétaux diminuent l’effet d’îlot de chaleur urbain et jouent le rôle d’isolant naturel, protégeant les habitants des rayonnements du soleil et de la pollution acoustique. Un système de récupération des eaux grises produites par les bâtiments a été mis en place afin d’assurer l’irrigation des plantes. Enfin, la production d’énergie renouvelable est assurée par la présence de systèmes éoliens et photovoltaïques.


La nature est au cœur de ce projet. Elle s’est même appropriée ce nouveau territoire vert ! En effet, plusieurs espèces d’oiseaux, comme des petits faucons ou des martinets ont élu domicile dans cette forêt. C’est également le cas des coccinelles, qui avaient initialement été déposées pour lutter contre les parasites à la place des pesticides, et qui se sont multipliées en quelques semaines.

Tous ces bénéfices sont essentiels pour l’agglomération de Milan. Cette dernière totalise une population de plus de 5 millions d’habitants et est l’une des plus peuplées et des plus polluées en Europe. En 2016, l’Italie comptabilisait 58.600 décès prématurés dus à la présence de particules fines dans l’air. La multiplication de projets similaires est donc une nécessité environnementale, vitale. 


De nombreux défis techniques ont dû être relevés afin de permettre la viabilité de ce projet unique. Chaque édifice doit supporter 3 types de charges : la charge de l’immeuble lui-même, les surcharges que représentent les éléments d’exploitation (occupants, mobiliers, équipements…) et les surcharges climatiques (neige, vent, rétention d’eau…). Ici, les ingénieurs ont dû concevoir les tours en tenant compte de la surcharge importante causée par les végétaux. Des cages en acier de sécurité contiennent la base des plus gros arbres, c’est-à-dire les plus exposés au vent, les empêchant de se renverser sous des rafales de vent importantes (des tests de résistance ont même été menés dans un centre spécialisé dans les ouragans à Miami). De plus, un système de grillage électro soudé et de sangles maintient les plantes en place. De même, les balcons en béton sont renforcés d’acier. Ils sont beaucoup plus larges que la normale (3,5 m de profondeur) et ont une épaisseur de 28 cm. 

Sur le plan financier, il est bon de savoir que l’intégration de ces 20.000 végétaux sur les tours a engendré un investissement supplémentaire de seulement 5 % des coûts de construction par rapport à une construction classique. Le véritable surcoût, par rapport à l’immeuble d’habitation moyen milanais, provient bien sûr de la gestion et de l’entretien de cette forêt urbaine. En effet, les arbres doivent être régulièrement taillés (une équipe d'arboriculteurs intervient une dizaine de fois par an) afin qu’ils n’occultent pas trop fortement la lumière et, plus important, afin de réduire leur prise au vent. 


Ce projet a inspiré d’autres régions du monde comme exemple d'éco design urbain. Stefano Boeri et son équipe travaille aujourd’hui sur une dizaine de projets de Bosco Verticale dans le monde : Lausanne (Suisse), Utrecht (Pays-Bas), Sao Paolo (Brésil), Tirana (Albanie)... En Chine, deux tours sont en construction à Nanjing, un hôtel est en projet à Shanghaï tandis qu’une «cité forestière» de quelque 200 bâtiments doit surgir à Liuzhou. Il Bosco Verticale en donc un exemple à suivre, précurseur d’une nouvelle façon de concevoir la ville. 


Nous pouvons néanmoins regretter l’absence de dimension sociale dans ce projet. Les appartements de luxe de la résidence sont uniquement destinés à l’accession privée et coûtent en moyenne 11.000 euros le mètre carré. 

Il Bosco Verticale a remporté le prestigieux International Highrise Award (Francfort) en 2014 et, en 2015, le titre de l’immeuble le plus beau et le plus innovant au monde par le Council on Tall Buildings and Urban Habitat (Chicago).

     

Écologiquement vôtre,

L’équipe B’Green - Vincent


Sources :

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